Qui sont les manipulateurs ?
Comment leur résister ?
17 mars 2011 | Classé dans: >BlogNote,Psycho | Publié par: Néo Trouvetout
Qui sont les manipulateurs et comment agissent-ils ? Pourquoi tombons-nous dans leurs panneaux et surtout comment faire pour interrompre ce fonctionnement.
Ci-dessous six portraits de manipulateurs avec des fonctionnements différents et quelques conseils pour ne pas vous laisser faire.
1 – Le manipulateur sympathique
Il est souvent autour de nous, agréable, bon vivant et drôle, souvent attentif aux autres. Il parle facilement, se positionne, prend sa place. Toutes les personnes gentilles et sympathiques ne sont pas des manipulatrices, mais le manipulateur sympathique lui a un objectif : vous mettre dans sa poche et créer une sorte de dépendance affective, psychologique ou matérielle. En fait, il cherche la dépendance de sa « victime » en la faisant changer de travail par exemple, ou en l’incitant à ne pas travailler « puisque lui peut subvenir à ses besoins », c’est lui qui va payer la voiture, puisque en ce moment il a de l’argent… mais ensuite elle est à lui !
■Comment résister : en identifiant, en vous, quels sont vos objectifs de vie, vos priorités, ce qui est important pour vous et ensuite, le lui dire avec beaucoup de gentillesse, puisque c’est quelqu’un d’agréable. Vous constaterez alors qu’il résiste, insiste, cherche à vous convaincre, puis joue à celui ou celle qui ne comprend pas votre attitude, puisqu’il fait tout pour vous. Il tente alors de vous culpabiliser.
2 – Le manipulateur séducteur
Cette personne a du charme, du charisme, souvent un physique agréable. Elle sait se mettre en valeur et est capable d’exercer une véritable fascination sur son entourage, qu’il soit professionnel ou amical. Son but : obtenir le maximum des autres : informations, aides, services, argent. Il ne répond pas directement aux questions que vous posez, il les élude, mais lui ne se gène pas pour questionner.
■Comment résister : Rendez service si cela vous fait plaisir, mais sachez dire non, sans vous justifier ni culpabiliser quand cette demande n’est pas opportune.
3 – Le manipulateur altruiste
Le manipulateur altruiste fait de nombreux cadeaux, est très attentionné, il rend service avant même qu’on lui demande quoi que ce soit. Attention les gens gentils et attentionnés ne sont pas nécessairement des manipulateurs, cependant, vous identifierez facilement celui-ci lorsqu’il vous dira ou vous fera comprendre « que c’est le moment de renvoyer l’ascenseur… ». Il décide alors pour vous de la réciprocité : en ce sens qu’il impose le moment et la nature de cette réciprocité et s’arrangera pour vous faire culpabiliser.
■Comment résister distinguez dans votre esprit, ce qu’il a choisi de faire pour vous et mettez en évidence que vous ne lui avez rien demandé… mais que là, franchement, vous ne pouvez pas accéder à sa demande. Et ne culpabilisez pas justement ! ! !
4 – Le manipulateur cultivé
Le manipulateur cultivé est subtilement méprisant. Il vous fait remarquer que « tu ne sais pas ça… mais c’est évident ? », et si possible devant d’autres. Eventuellement, même il en parlera plusieurs fois afin de bien insister… Par ailleurs, il mentionne des dates, des lieux, des noms, que vous êtes sensé connaître, mais il ne donne pas les détails et les précisions nécessaires à votre compréhension. Il mise sur votre pseudo ignorance pour renforcer son influence et son autorité.
■Comment résister : Avec beaucoup de gentillesse, questionnez pour vous intéresser à son sujet, et demandez des éclaircissements, des détails, « car c’est vraiment intéressant ». Vous déjouez alors la manipulation, vous assumez ce que le manipulateur pense être vos faiblesses, et il se peut que vous mettiez en évidence les siennes…
5 – Le manipulateur timide
Celui-ci est presque le pire ! Il est silencieux dans un coin, ne se mêle pas aux autres, ne monopolise pas la parole, n’étale pas sa science… mais son silence masque en réalité une très forte capacité de nuisance. En effet, il agit par influence, questionnement, en face à face et distille un venin terrible. Il sème la zizanie, le doute, par derrière.
■Comment résister :Ne laissez pas le doute vous pénétrer, affirmez vos opinions de façon claire, et surtout ne faites pas circuler ce que cet individu vous a « confié » sur les autres pour dissocier le groupe. Restez intègre et remettez-le à sa place en lui signifiant que ces éléments ne vous intéressent pas !
6 – Le manipulateur dictateur.
Facilement repérable le manipulateur dictateur est agressif, utilise chantage et colère pour obtenir des autres ce qu’il souhaite. Il génère un climat de peur, d’inquiétude.
■Comment résister : Ne vous laissez pas impressionner ! Il peut demander ce qu’il veut, il suffit qu’il le fasse d’une autre manière… expliquez-le lui ! Son comportement est purement inacceptable.
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INTERVIEW (Le Figaro) – Le docteur Marie-France Hirigoyen est psychiatre et psychanalyste victimologue.
Elle vient de publier Abus de faiblesse et autres manipulations (Éd. JC Lattès).
Depuis 1998, où vous avez identifié et fait connaître au grand public la notion de «harcèlement moral», quelle évolution observez-vous?
Marie-France Hirigoyen. – À l’époque, on m’a dit: «il n’y a pas tant de pervers narcissiques que vous l’écrivez», et, aussi, que les petites manipulations au quotidien ont toujours existé. Mais aujourd’hui, je peux dire que ces petits actes de tricherie se sont multipliés à vitesse grand V. C’est notre société qui induit ces comportements: pour réussir, il faut savoir influencer. Les politiques, les chefs d’entreprise, les commerciaux, même les demandeurs d’emploi aujourd’hui doivent séduire s’ils veulent être recrutés. On peut même dire qu’avec les agences de communication la manipulation s’est professionnalisée! Et tout cela a amené un grand changement de valeurs, un durcissement de nos relations: comme il faut être adaptable en magouillant, la méfiance s’est aussi généralisée.
Mais, dans ce contexte, qu’est-ce qui caractérise plus particulièrement les pervers manipulateurs?
Contrairement aux apparences, ils ont une immense faille de leur estime de soi. Aussi sont-ils sans cesse obligés de se rehausser à travers la mégalomanie, les mensonges, le baratin. Bien sûr, ils savent briller, ont une fine intuition de ce qui va plaire, mais cette belle image d’eux-mêmes ne leur amène qu’un «faux-self». Ils ne se remettent jamais en question, contrairement aux névrosés, qui constituaient il y a trente ans la majorité de notre patientèle.
Et puis Internet a donné une vitrine en or à ces narcissiques: sur les réseaux sociaux, on peut remarquer ces personnalités, finalement assez creuses, qui ne cessent de poster des informations sur elles-mêmes, et toujours à leur avantage. Les manipulateurs excellent dans ces relations de surface, sans empathie.
Quels mécanismes leur permettent d’instaurer des relations destructrices?
D’abord, la perte des limites: tous les critères moraux, culturels, dont nous disposions auparavant, les «ce qui se fait, ce qui ne se fait pas», se sont transformés. Tout ce qui n’est pas interdit clairement par la loi devient possible… Et les pervers adorent justement ce jeu avec les limites. Et puis, aussi, nous avons perdu le sens du conflit. Regardez dans le monde du travail: on laisse couver les malentendus, on considère qu’on ne peut s’exprimer ni dire qu’on n’est pas d’accord, on ne sait plus s’opposer clairement. Résultat, une communication toute de manipulation rampe sournoisement, et à tous les étages.
Mais quand même, votre action a dû porter ses fruits… La société n’est-elle pas plus vigilante?
Oui, heureusement, et je crois que nous ne reviendrons plus en arrière. C’est dans l’entreprise que les choses ont le plus changé: des managers bien intentionnés ont mis en place des outils pour éviter les dérives. Depuis dix ans, la jurisprudence reconnaît qu’un management destructeur et pervers, donc un système, peut être sanctionné à l’instar d’un individu. On sait désormais que tous les lieux où il est plus facile de harceler sont ces lieux où ni la tâche de l’employé, ni les territoires ne sont clairement définis. Enfin, le fait majeur, c’est que les victimes sont plus vigilantes. Elles dénoncent plus rapidement, et demandent plus facilement de l’aide.
Autre parade: apprendre à discuter, à négocier. C’est-à-dire savoir dire ses besoins, certes, mais aussi savoir entendre ceux de l’autre. Toute une connaissance de soi qui, seule, permet peut-être d’échapper aux filets des personnes les mieux intentionnées.
Les lois sur le harcèlement moral et la violence psychologique ont révélé la multiplication du nombre de ces personnalités perverses.
C’est un scénario à la Hitchcock : une nouvelle personne est entrée dans votre vie (un supérieur hiérarchique ou une nouvelle amoureuse…) et votre quotidien a soudain pris de magnifiques couleurs. Vous vous sentez valorisé, reconnu, vous avez le sentiment d’être comme «sur la même longueur d’onde» avec lui, ou elle. Vous vous confiez de plus en plus intimement, même au bureau, vous laissez entrevoir des pans entiers de votre passé. Vous êtes prêt à répondre à toutes les demandes de cet interlocuteur, tellement il sublime vos émotions. Les mois, les années parfois, passent. Et peu à peu, le climat change. Vous vous sentez de plus en plus fragile face à ce partenaire, comme dévitalisé… «C’est alors qu’on passe du paradis à l’enfer, témoigne Jeanne, 45 ans, qui a vécu une liaison passionnelle avec un pervers narcissique. Pendant trois ans, je ne touchais plus terre, j’étais capable de sauter dans un avion pour le rejoindre à l’autre bout du monde pour un seul week-end, il était mon mentor.» Les choses se gâtent quand elle sent comme des mensonges flotter dans l’air… et qu’elle, habituellement affirmée, n’ose pas poser les questions qui fâchent. «Je me retrouvais à culpabiliser de douter “comme ça” de lui, se souvient-elle. Je ne savais plus quoi penser. En plus, si jamais j’osais réclamer une information, je me faisais retourner comme une crêpe.» Les trois ans qui suivent n’amèneront que désolation, violence, mépris dans le couple. Mais Jeanne ne parvient pas à quitter ce «mentor» qui la détruit à petit feu. Il lui faudra un nouvel amour, allant jusqu’à menacer son prédateur, pour fuir et pouvoir s’en libérer.
Des «vampires de l’âme»
La thérapeute et analyste Geneviève Schmit a connu personnellement une telle relation d’emprise. Elle a créé le portail internet pervers-narcissiques.fr, ainsi que manipulateurs.wordpress.fr, l’un des blogs les plus visités (plus de 1000 visites par jour actuellement). Elle appelle ces manipulateurs, dont le nombre serait en nette augmentation dans nos sociétés sans repères, «les vampires de l’âme».«Ils savent de manière très intuitive ce à quoi leurs victimes aspirent secrètement, explique-t-elle. Alors ils se présentent tels que leurs proies ont envie qu’ils soient. C’est le professionnel qui prétend connaître le métier dix fois mieux que vous et va vous “prendre en charge”, vous faire profiter de ses réseaux ; c’est le parent divorcé qui sait que son enfant, il vaut mieux le “protéger” de l’autre parent ; c’est l’amant protecteur qui, toujours aux petits soins, comble la jeune femme ayant eu un père très absent…»
Perte de confiance en soi
Ce sixième sens particulièrement développé chez les personnalités manipulatrices explique pourquoi leurs victimes avouent toutes une «fascination immédiate» au début de la relation. Mais la suite est toujours la même: aux compliments succèdent les dévalorisations, la «disgrâce». Au niveau professionnel, par exemple, ces prédateurs s’approprient les idées de leurs «protégés», tout en les dénigrant. «La plupart du temps, les futures victimes captent certains signaux d’alerte (violence verbale, rejet puis demande vibrante de retrouvailles, sentiment de malaise), mais elles n’en tiennent pas compte», observe Geneviève Schmit.
Un signe qui ne trompe pas, toutefois: la victime perd totalement confiance en elle, devient irritable, s’effondre progressivement, ses amis disent ne plus la reconnaître. Il est alors plus que temps de demander de l’aide à un tiers: avocat, DRH, psychothérapeute… L’important est de ne plus rester seul avec cette sale impression d’être dévoré de l’intérieur. Si ces relations d’emprise concernent tout un chacun, on peut toutefois se demander ce qui nous en protège. Pour le psychanalyste Jean-Michel Fourcade, auteur de Les Personnalités limites(Éd. Eyrolles), il faut se dégager du «pacte inconscient» que nous pouvons avoir signé avec un manipulateur ou une manipulatrice. «Pendant longtemps, chacun trouve son compte à la relation. Le prédateur a détecté un besoin auquel il a apporté une réponse. Plus ce besoin est archaïque et inconscient, plus la victime se retrouve “agie” à son insu», explique Jean-Michel Fourcade. Par conséquent, être conscient de ses propres désirs et besoins est une première protection face à des personnalités perverses. «Plus on est autonome, moins on risque d’être victime, ajoute le psychanalyste. Si nous ne pouvons pas nous-mêmes donner un sens à notre existence, nous serons vulnérables au chant de ceux qui affirment savoir pour nous…»
Extraits du livre « Les manipulateurs sont parmi nous » d’Isabelle Nazare-Aga
Ces 30 critères permettent de déceler un manipulateur.
Si quelqu’un répond à 14 de ces critères, il est manipulateur.
01.Il culpabilise les autres au nom du lien familial, de l’amitié, de l’amour, de la conscience professionnelle
02.Il reporte sa responsabilité sur les autres, ou se démet des siennes
03.Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et opinions
04.Il répond très souvent de façon floue
05.Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes ou les situations
06.Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes
07.Il fait croire aux autres qu’ils doivent être parfaits, qu’ils ne doivent jamais changer d’avis, qu’ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et questions
08.Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique sans en avoir l’air, dévalorise et juge
09.Il fait faire ses messages par autrui
10.Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner
11.Il sait se placer en victime pour qu’on le plaigne
12.Il ignore les demandes même s’il dit s’en occuper
13.Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins
14.Il menace de façon déguisée, ou pratique un chantage ouvert
15.Il change carrément de sujet au cours d’une conversation
16.Il évite ou s’échappe de l’entretien, de la réunion
17.Il mise sur l’ignorance des autres et fait croire en sa supériorité
18.Il ment
19.Il prêche le faux pour savoir le vrai
20.Il est égocentrique
21.Il peut être jaloux
22.Il ne supporte pas la critique et nie les évidences
23.Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres
24.Il utilise souvent le dernier moment pour ordonner ou faire agir autrui
25.Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes répondent au schéma opposé
26.Il flatte pour vous plaire, fait des cadeaux, se met soudain aux petits soins pour vous
27.Il produit un sentiment de malaise ou de non-liberté
28.Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d’autrui
29.Il nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas fait de notre propre gré
30.Il fait constamment l’objet des conversations, même lorsqu’il n’est pas là.
Si vous en rencontrez un(e)… watch out !